top of page
Iconographie
Porto-Novo, ville-théâtre des masques africains
///
Plan de l'article
///
Capitale politique du Bénin, Porto-Novo, s'impose désormais aussi comme une ville-théâtre des masques africains. L’édition des 2 et 3 août 2025 du festival des Masques a une fois de plus plongé la « ville aux trois noms » dans une atmosphère où le sacré dialogue avec l’art, au cœur du Bénin vodoun.
Située à trente kilomètres de Cotonou et à cent vingt de Lagos, Porto-Novo devient, en août, au lendemain de la fête de l’indépendance, une escale incontournable. Le samedi 2 août, la ville entière vibrait au rythme des tambours et des clochettes, animée par des parades où les déités, dans une mise en scène spectaculaire, transforment le rituel en célébration collective. La prédominance de la couleur rouge, symbole de puissance et de vitalité, qui accompagne les processions accroche les regards. L’apogée de l’événement réside dans la grande parade de la cité des Aïnonvi, rassemblant plusieurs centaines de déités dans une mise en scène de Didier Sèdoha Nassegandé.
Cette édition 2025 a mis en lumière les femmes pour leur rôle central dans les rites vodoun, à travers leurs chants, gestes et savoirs. Les enfants, porteurs de l’avenir spirituel, étaient également honorés, rappelant l’importance de la transmission intergénérationnelle.
Une mosaïque de traditions et de symboles
La procession a transfiguré les cadres, ancrant les cultes dans la terre nourricière. Bassins de purification et dunes ont servi d’espaces symboliques aux divinités venues de diverses régions du Bénin et de l’Afrique de l’Ouest, captivant le public, sans dénaturer la dimension sacrée des pratiques.
Les masques N’nawi du Nigéria, incarnant les esprits de la brousse, les forces protectrices, l’autorité et la cohésion sociale, côtoyaient le Gounouko, imposant masque de tradition nago et yoruba, révélé par la voix et le chant de sa prêtresse. Les masques Guèlèdè, inscrits depuis 2008 sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'Unesco, ont apporté leur énergie et leur poésie au son du « gangan ». Quant au Zaouli de Côte d’Ivoire, également reconnu par l’Unesco, il demeure unique par ses danses rapides et son esthétique raffinée, symbole de beauté et de cohésion communautaire.
Les Zangbéto, « gardiens de la nuit » de Porto-Novo, étaient aussi présents, offrant des démonstrations impressionnantes. Les Egungun, revenants magnifiquement parés, rappelant dans leurs danses et leurs chants que « les morts ne sont pas morts ». Ces tableaux culturels ont égayé la marée humaine qui a fait le déplacement.
Entre art, science et spiritualité
Le festival des Masques de Porto-Novo ne se réduit pas à un spectacle. C’est aussi un espace de réflexion, de science et de transmission des savoirs. Dans la même ville, un colloque international s’est tenu le 2 août 2025 à l’École du patrimoine africain autour du thème : « IFA ƆRUNMILA : Introduction à une épistémologie ».
Des Bokonon ou Babalawo (prêtres du Fâ), venus principalement du Bénin, du Nigéria et du Togo, ont confronté leurs savoirs à ceux des scientifiques et universitaires. Ils ont questionné les pratiques, la déontologie, ainsi que l’universalité du Fâ.
Face à une modernité qui regarde souvent avec dédain les héritages du passé, le professeur titulaire de littérature africaine et président du comité des rites Vodoun du Bénin, Mahougnon Kakpo, assène que « le Fâ n’est pas une superstition, mais une sagesse universelle ». Dans la même veine, le professeur nigérian Kayode Eesuola a souligné les liens que les masques Ifa établissent entre le ciel et la terre en Afrique de l’Ouest. Selon Jean-Michel Abimbola, ministre béninois du Tourisme, de la Culture et des Arts, « Ifa constitue bien plus qu’un héritage spirituel. Il est une épistémologie à part entière, fondée sur l’observation, le symbole, la narration orale et la logique analogique ».
À l’issue de ces échanges, l’annonce a été faite de l’ouverture prochaine à Porto-Novo de la Maison Ifa, centre d’interprétation destiné à renforcer le dialogue entre chercheurs, praticiens, artistes et citoyens. En attendant, la cité historique de Ouidah s’apprête, en janvier 2026, à accueillir les Vodun Days, autre moment majeur de l’identité, de célébration du patrimoine spirituel et culturel africain.
Notes
///
Bibliographie
///
Pour citer l'article :
APA
Adjimehossou, F. R. (2025). Porto-Novo, Porto-Novo, ville-théâtre des masques africains. Global Africa, (11), pp. 28–33. https://doi.org/10.57832/0xyv-hj83
MLA
Adjimehossou, Fulbert Rodrigue. "Porto-Novo, ville-théâtre des masques africains." Global Africa, no. 11, 2025, pp. 28-33. doi.org/10.57832/c6vp-4k37
DOI
https://doi.org/10.57832/0xyv-hj83
© 2025 by author(s). This work is openly licensed via CC BY-NC 4.0
bottom of page





