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Analyses critiques

Global Africa : Généalogie critique d’un concept militant

Giulia Bonacci

Historienne, Chargée de recherche,

Institut de recherche pour le développement (IRD), Unité de recherche Migrations & Société (URMIS),Université Côte d’Azur, Nice, France.
giulia.bonacci@ird.fr

numéro :

Afriques, mondes et savoirs de demain

Tomorrow’s Africas, Worlds and Knowledge

Afrika, malimwengu na maarifa ya kesho

أفريقيا، عوالم ومعرفة الغد

GAJ numéro 02 première.jpg.jpg

Publié le :

09 mars 2022

ISSN : 

3020-0458

01.2022

Alors que les termes « Global Africa » semblent de plus en plus utilisés dans des secteurs aussi divers que l’art, la mode, la banque, les services ou la recherche universitaire afin d’évoquer les multiples connexions entre l’Afrique et le monde, il convient de revenir sur l’origine militante de ces termes. En effet, ils sont directement issus de la mobilisation africaine et internationale du début des années 1990, qui revendiquait le droit à des réparations au titre de l’esclavage et du colonialisme. Un pas plus loin, ils peuvent être presque exactement superposés à l’histoire sociale et politique du panafricanisme qui se déploie sur plusieurs siècles et espaces. En adoptant une démarche pédagogique, qui présente deux écrits de référence sur le sujet (par A. Mazrui et M. O. West) et mobilise une bibliothèque polyglotte et pluridisciplinaire, cet article propose une analyse de ces termes afin d’élucider le projet et les luttes qui les ont constitués. De leur émergence militante à leur institutionnalisation par l’Union africaine et l’Unesco, c’est une généalogie critique qui est ici proposée. L’enjeu n’est pas mince : il s’agit de saisir les mutations des manières de penser et de représenter la présence de l’Afrique et des Africains dans notre monde globalisé.


Mots-clés

Histoire, diasporas, panafricanisme, réparations, Histoire générale de l'Afrique


Plan de l'article

  • Ali A. Mazrui et la croisade pour les réparations

  • Michael O. West et l’histoire du panafricanisme

  • Institutionnaliser Global Africa

  • Conclusion

L’expression Global Africa, en anglais, apparait de plus en plus régulièrement, dans toutes sortes domaines, la plupart du temps pour illustrer les relations et les interconnexions entre l’Afrique et le monde. Certes des services, comme un parking au Cap-Vert, une banque à Malte, ou une entreprise de construction en Afrique du Sud portent ce nom, mais de manière plus significative, dans les champs culturel, intellectuel et scientifique, plusieurs événements et publications de qualité ont contribué à le diffuser. Ainsi, The Global Africa Project, cette grande exposition portée par Lowery Stokes Sims et Leslie King Hammond et présentée au Museum of Arts and Design à New York en 2011, avait l’ambition de montrer combien la création contemporaine africaine dépassait les frontières géographiques du continent (Colard 2012). L’ouvrage en français édité par Laura Eboa Songue et Paola Audrey Ndengue, Global Africa. 150 personnalités qui font la mode africaine en 2016, présentait des hommes et des femmes contribuant « au développement de la mode afro » dans et hors du continent (2016: 8). La même année, l’éditeur scientifique Taylor & Francis lançait une nouvelle collection appelée Global Africa, sous la direction de Toyin Falola et Roy Doron, dans laquelle 23 ouvrages ont depuis été publiés. L’objectif de cette collection est d’inscrire « les expériences africaines dans le champ de l’histoire globale, de la globalisation, des diasporas africaines et de l’histoire atlantique »[1]. L’année suivante, Dorothy L. Hodgson et Judith A. Byfield publiaient un gros ouvrage collectif intitulé Global Africa. Into the Twenty-First Century pour démontrer combien l’Afrique avait une longue histoire d’interactions grâce auxquelles le continent devait être placé au centre des processus historiques globaux plutôt qu’en leur marge. Les contributions d’une quarantaine de chercheurs, artistes, journalistes, activistes et écrivains devaient établir combien l’Afrique n’était pas cet espace exotique situé hors de l’histoire, sans pour autant occulter les relations inégales de pouvoir qui continuent à structurer les conditions de vie de nombreuses communautés africaines (Hodgson et Byfield 2017: 6). D’autres références récentes participent d’un projet intellectuel similaire, quoique sans le titre Global Africa (Kaag et al. 2021), ou avec, comme c’est le cas d’un numéro spécial de African Diaspora (de Witte et Spronk 2014) ou cette nouvelle revue que vous avez sous les yeux. Ces quelques exemples illustrent l’inscription croissante, diffuse et acceptée, de l’expression Global Africa pour déployer l’idée que l’Afrique doit être étudiée et comprise à travers ses interactions et interconnexions avec le monde. L’historien Paul Tiyambe Zeleza l’avait déjà souligné : les questions liées à la place de l’Afrique dans le monde et la place du monde dans l’Afrique, ainsi que les intersections entre l’histoire mondiale et l’histoire de l’Afrique forment un champ prometteur (Zeleza 2010: 16).
Pour autant, la popularisation de ces usages culturels, intellectuels et scientifiques de l’expression Global Africa semble occulter une dimension spécifique qui lui est associée. En effet cette expression est directement issue de la mobilisation africaine et panafricaine du début des années 1990, qui revendiquait le droit à des réparations au titre de l’esclavage et du colonialisme. Elle se trouve dans les sources, les documents préparatoires et les rapports qui entourent les grandes conférences panafricaines pour les réparations tenues au Nigeria, à Lagos en 1990 et à Abuja en 1993 (Bonacci 2021). Elle est aussi utilisée comme métaphore de l’élan panafricaniste : Global Africa contient une dimension de lutte incarnée à travers des pratiques et mouvements sociaux, des projets politiques, des relations et des cultures constitutifs de l’histoire du panafricanisme. Cette dimension de lutte, qui pourrait aussi être qualifiée de radicale et non consensuelle, semble tout à fait significative parce qu’elle évoque non pas seulement cette idée d’interactions entre l’Afrique et le monde, mais plus spécifiquement les projets politiques radicaux nés des relations entre Africains et Afrodescendants.
Il faut ici souligner que l’aspect militant de ces relations, identifié, selon les périodes et les acteurs, comme « panafricanisme », mais également comme « internationalisme noir », « tradition intellectuelle noire » ou « tradition radicale noire » a été largement documenté en anglais, et non en français, pour des raisons historiques et symboliques qui mériteraient d’être discutées avec précision par des spécialistes de ces différents espaces linguistiques, dans le sillage de Catherine Coquery-Vidrovitch (1999). Des traditions savantes qui se sont constituées différemment, des réticences institutionnelles françaises à l’émergence de ce champ, une faible articulation entre le travail intellectuel d’une élite militante francophone et le déploiement de mouvements sociaux et culturels engagés, et des difficultés à penser la question raciale en français[2] ont comme conséquence des lacunes et des décalages notables dans la quantité et la qualité des connaissances produites et transmises dans le monde universitaire francophone. Il ne s’agit évidemment pas ici de discréditer la production scientifique en français ni d’opposer de façon manichéenne des savoirs produits en français à d’autres produits en anglais, mais de souligner combien les connaissances sur le panafricanisme ont du mal à s’imposer dans la constitution des savoirs universitaires en français. Plus encore, des intellectuels français reconnus, spécialistes de l’histoire de l’Afrique, peuvent décourager une curiosité intellectuelle pourtant légitime, en affirmant que le panafricanisme serait mort dans les années 1960 avec les indépendances des États africains ou que toute recherche qui lui serait liée serait illégitime, car biaisée, engagée et non objective[3]. Il existe toutefois une petite bibliographie en français relative au panafricanisme, par exemple : de courts textes maintenant dépassés (Decraene 1959), des classiques (Dewitte 2011 [1985]), des ouvrages autour de personnages précis (Tété-Adjalogo 1995 ; Zinsou et Zoumenou 2004), des études sur les versants américains et caribéens (Lara 2000 ; Guedj 2011; Moussa 2020) ou francophones (Fabre 1985 ; Frioux-Salgas 2009), un recueil de sources (OIF 2006), des ouvrages pointus liant Caraïbes et Éthiopie (Bonacci 2010) et quelques rares essais d’appréhension globale du mouvement panafricain (M’Bokolo 1995, 2004 ; Boukari-Yabara 2014). Des travaux récents (Nakao 2017 ; Auque-Pallez 2021) et des articles scientifiques encore peu accessibles au grand public s’ajoutent aux références existantes, qui n’épuisent pas la richesse d’un débat auquel prennent part de nombreux intellectuels africains (Mbembe et Sarr 2017). Pourtant, cette bibliographie ne trouve que partiellement sa place dans les enseignements et les réflexions liés à l’histoire de l’Afrique, alors que, nous rappelle l’historien Elikia M’Bokolo (2004: 1), le panafricanisme « reste l’idéologie la plus ambitieuse et la plus englobante que l’Afrique ait produite pour elle-même depuis le XIXe siècle ».
C’est pourquoi il semble important, alors que l’expression Global Africa se diffuse au sein d’un espace culturel et scientifique francophone, de revenir sur la dimension spécifique qu’elle convoie et sur l’épaisseur historique et conceptuelle qui l’a constituée. Pour tenter d’élucider le projet, les luttes et les mobilisations recouverts par Global Africa, je m’appuie sur deux textes écrits par des intellectuels reconnus. Ces textes ont été choisis parce qu’ils portent en titre l’expression Global Africa et qu’ils placent clairement leur genèse au cœur du mouvement panafricain. Le premier date de 1994 et est signé par le politiste Ali A. Mazrui, et le deuxième est publié en 2005 par l’historien Michael O. West – deux personnalités dont les travaux n’ont pas été suffisamment discutés par la recherche francophone. Il s’agira ensuite de questionner le processus d’institutionnalisation de l’expression par le projet de mise à jour de l’Histoire générale de l’Afrique portée par l’Unesco, et intitulé, justement, Global Africa. L’objectif n’est pas, bien entendu, de faire prescription d’un usage militant, mais d’inviter à incorporer dans les nouveaux usages culturels et intellectuels de Global Africa le bagage symbolique et politique que ces termes convoient. C’est en fait un enjeu de connaissance : il s’agit de situer Global Africa dans la relation entre Africains et Afrodescendants, et en particulier dans les généalogies de lutte que cette relation a produit, afin de saisir l’origine militante de ce concept et de replacer le panafricanisme dans les manières de penser et de représenter la présence de l’Afrique et des Africains dans notre monde globalisé.

Ali A. Mazrui et la croisade pour les réparations

En décembre 1994, Ali Mazrui (1933–2014) publiait dans African Studies Review, le journal de l’African Studies Association (ASA), l’organisation professionnelle des africanistes américains, le tout premier article portant en titre ces termes, « Global Africa: From Abolitionists to Reparationists ». Ce texte avait été présenté à l’ASA l’année précédente, à l’occasion de la première Bashorun M.K.O. Abiola Distinguished Annual Lecture. L’établissement de cette conférence dans le cadre de la rencontre annuelle de l’ASA avait été permis par le soutien financier de Chief Abiola, le brillant homme d’affaires nigérian engagé dans la cause des réparations au titre de l’esclavage et du colonialisme et vainqueur de l’élection présidentielle au Nigeria en juin 1993. Un poste qu’il n’a jamais occupé à la suite de l’annulation des élections par les militaires et au coup d’État de novembre 1993. Ce soutien avait été transmis par Ali Mazrui à l’ASA, avec l’objectif d’offrir à un intellectuel africain la possibilité de présenter une grande conférence formelle aux États-Unis pouvant aussi contribuer au lent processus de décolonisation de l’institution[4]. Ainsi, cette conférence inaugurale, placée sous l’égide de Chief Abiola, défenseur et bientôt martyr de la démocratie nigériane, dont l’engagement panafricaniste reste méconnu, était présentée par Ali Mazrui, un intellectuel né à Mombasa au Kenya, politiste, auteur prolifique, intellectuel public et grand humaniste à la vaste expérience internationale (Campbell 2014).
La revendication à des réparations au titre de l’esclavage et du colonialisme n’est pas nouvelle, mais elle a bénéficié d’un nouveau souffle à la fin du XXe siècle, aux États-Unis, au Brésil, dans les Caraïbes, ainsi qu’en Afrique (Jewsiewicki 2004 ; Martin et Yaquinto 2007 ; Howard-Hassmann 2008 ; Beckles 2013 ; Araujo 2017). Le texte de Ali Mazrui permet d’approfondir les débats portés par des intellectuels africains engagés du début des années 1990. En effet, Mazrui, en introduction et en conclusion du texte, se place dans le sillage de Chief Abiola qui était le héraut d’une « croisade pour les réparations qui doivent être payées pour les peuples noirs pour les centaines d’années d’esclavage, d’exploitation et d’humiliation » (Mazrui 1994, p. 1). Chief Abiola s’était engagé, dès la fin des années 1980, dans la défense de cette cause pour laquelle il avait pesé de tout son poids intellectuel, financier et politique. Il avait contribué à organiser et financer la « première conférence mondiale pour les réparations » tenue à Lagos en 1990, à laquelle l’élite politique nigériane avait participé, ainsi que des personnalités clés du monde panafricain (Bonacci 2021). Alors que le Nigeria prenait la présidence de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en 1991, deux résolutions (1339 en juin 1991 et 1373 en février 1992) établissaient le Groupe des éminentes personnalités (GEP), dont la mission était « d’explorer les modalités et la logistique d’une campagne mondiale pour les réparations » (Mazrui 1994: 15). Sous la présidence de Chief Abiola, les membres du GEP, dont faisait partie Ali Mazrui, ont lancé une série d’actions, dont l’organisation de la « première conférence panafricaine sur les réparations » sous l’égide de l’OUA, tenue à Abuja au Nigeria en avril 1993.
C’est donc aussi en tant que représentant du GEP que Mazrui déploie sa présentation. Il pose d’emblée une forme de continuité entre les abolitionnistes d’autrefois, qui étaient engagés dans la lutte contre le fléau de l’esclavage, et les « réparationnistes » d’aujourd’hui, qu’il définit comme une nouvelle génération morale et politique défendant l’idée que les injustices de l’asservissement ne se sont pas interrompues avec l’émancipation et ne peuvent vraiment s’achever qu’avec des réparations (Mazrui 1994: 2). En qualifiant le mouvement pour les réparations de rejeton de la « frustration noire » et du nationalisme noir, et en situant sa naissance dans les Amériques et en particulier aux États-Unis, Mazrui place le décor propice à la naissance de l’Afrique globale. Il explique ainsi la transformation qui est en train de se faire : les « Noirs de la diaspora » demandaient des réparations dans leurs pays, mais c’est l’engagement de « l’Afrique » dans cette cause qui fait basculer ces revendications vers une « croisade mondiale pour les réparations pour le monde noir et africain dans son ensemble » (Mazrui 1994: 4). En changeant d’échelle dans son approche des réparations, en glissant d’une question nationale à une cause globale, Mazrui ouvre la possibilité de penser la notion de Global Africa. Il définit cette Afrique globale comme étant constituée du continent africain plus la diaspora issue de l’esclavage plus la diaspora issue du colonialisme. Cette idée est bien sûr au cœur des discussions tenues les années précédentes, et est reflétée dans la proclamation d’Abuja (1993) qui souligne l’unité de condition et de cause des « vies abîmées des Africains d’aujourd’hui, de Harlem à Harare, et des économies lésées dans le monde noir, de la Guinée à la Guyana, de la Somalie au Surinam »[5]. Sans pouvoir revenir ici sur les autres arguments du texte de Mazrui ni sur ses limites évidentes, il apparaît néanmoins clairement qu’avec les termes Global Africa, ce ne sont pas tant les interconnexions entre l’Afrique et le monde qui sont évoquées que les relations militantes entre l’Afrique et ses diasporas, anciennes et récentes. En se logeant dans cet espace bien déterminé, l’Afrique globale acquiert une autre dimension, certes géographiquement et chronologiquement moins vaste, mais thématiquement plus définie et politiquement plus engagée ; une dimension qui la place précisément dans l’espace relationnel associé à la fabrique du panafricanisme.

Michael O. West et l’histoire du panafricanisme

En 2005, l’historien Michael West publiait un article intitulé « Global Africa : The Emergence and Evolution of an Idea » dans un numéro spécial de Review, le journal du Fernand Braudel Center for the Study of Economies, Historical Systems, and Civilizations. Fort d’une tradition d’accueil d’intellectuels comme Cedric Robinson, Bernard Magubane et Walter Rodney, ce centre de recherche, fondé en 1976 par Immanuel Wallerstein à l’université de Binghamton, promouvait la science sociale historique et critiquait l’eurocentrisme des sciences sociales (Dufoix et Hugot 2021). Des travaux portant sur le renouveau des études du monde noir (Black World Studies) ont sans difficulté trouvé leur place dans les pages de ce numéro spécial, intitulé « Le monde noir et le système-monde » (Martin 2005).
Africain-américain, spécialiste reconnu du Zimbabwe colonial et de l’internationalisme noir, West questionne ici la nature changeante des études sur les diasporas africaines. Il estime qu’elles sont simultanément insurrectionnelles parce qu’elles défient les modes dominants de production des savoirs ayant trait aux populations historiquement déshéritées, dont les Afrodescendants ; et cooptées parce qu’elles participent maintenant de l’establishment universitaire et ne peuvent plus s’aligner avec les luttes populaires déployées hors de l’académie (West 2005: 85). Dès l’introduction, West pose une distinction significative entre d’une part « l’existence physique » des diasporas africaines, fruit des migrations forcées et volontaires depuis l’Afrique, et d’autre part « l’articulation consciente et systématique de l’idée de diaspora africaine » – et c’est cette idée qu’il nomme « Global Africa ». Il définit cette idée d’une « Afrique globale » comme celle soutenant que les Africains et les Afrodescendants partagent des expériences historiques telles que l’esclavage, le colonialisme, l’oppression raciale et leurs conséquences, et que ces expériences constituent la base d’une lutte commune pour l’émancipation et la libération mutuelle (West 2005: 86–87). Ainsi, cette définition de l’expression Global Africa la ferait correspondre exactement à celle du panafricanisme, un rapprochement soutenu par plusieurs références bibliographiques stratégiquement convoquées par West : George Padmore (1956), Trinidadien, intellectuel engagé au cœur du panafricanisme du XXe siècle; Imanuel Geiss (1974 [1968]), Allemand, dont l’ouvrage précurseur légitimait l’étude du mouvement panafricain; P. Olisanwuche Esedebe (1994 [1982]), Nigérian, qui y ancrait l’OUA; et Brent Hayes Edwards (2003), Américain, qui articulait espaces anglophones et francophones en son sein.
Le reste de l’article de West consiste en une présentation historique synthétique du panafricanisme, déployée sur quatre périodes distinctes. La première période, 1770s à 1900, a été lancée aux Amériques par les révolutions américaine, française et haïtienne, et l’idée d’une Afrique globale s’appuyait alors sur deux concepts, la rédemption et la justification (vindication), portés par une petite élite masculine noire et anglophone qui voulait réhabiliter l’histoire de l’Afrique et s’attribuer un rôle dans le développement du continent. La deuxième période, 1900 à 1945[6], s’est ouverte avec la première conférence panafricaine tenue à Londres en 1900 et quatre perspectives souvent antagonistes se sont déployées dans un monde bouleversé par deux guerres mondiales : les congrès panafricains, le garveyisme, l’internationale communiste et la négritude. La perspective anticoloniale du projet panafricain et la quête du pouvoir politique étaient formulées distinctement par le congrès panafricain de Manchester, en 1945. La troisième période, de 1945 à 1963, est marquée par une désintégration du panafricanisme sous la houlette des nationalismes africains, et par l’émergence des États africains comme acteurs incontournables affirmant la primauté du continent sur les diasporas, institutionnalisée par la fondation de l’OUA en 1963 à Addis-Abeba. La dernière période, qui commence après 1963, est marquée par un réalignement politique majeur et international appelé Black Power porté par plusieurs figures et cultures, notamment musicales. Alors que le premier congrès panafricain organisé sur le continent, en Tanzanie en 1974, signalait la mainmise des États africains sur le mouvement panafricain ; vingt ans plus tard, les États africains se voyaient délégitimés par l’échec de leur politique de développement. Preuve en était le génocide des Tutsis au Rwanda qui éclata en avril 1994, alors qu’au même moment se tenait le 7e congrès panafricain à Kampala en Ouganda, organisé à l’initiative des activistes et non des États. Avec cet article, West illustre l’inscription de l’Afrique globale dans l’histoire, et il désigne la cause des réparations au titre de l’esclavage et du colonialisme, portée par des mouvements plus que des gouvernements, comme la « revendication centrale » du mouvement panafricain du XXIe siècle (West 2005: 104). Sur ce point, West rejoint Mazrui, ainsi que d’autres spécialistes du panafricanisme (Adi 2018: 217–220).
Cette synthèse de l’histoire du panafricanisme, ici juxtaposée à l’idée d’Afrique globale pour en devenir synonyme, suit une chronologie connue et mobilise des repères spatiotemporels et des figures notoires avec les nuances de genre, de classe et de posture auxquelles les travaux de West nous ont habitués, mais que le résumé ci-dessus ne transmet qu’imparfaitement. Il apparaît maintenant qu’avec l’expression Global Africa proposés par Michael West, ce ne sont pas les interconnexions entre l’Afrique et le monde qui sont évoquées, ni seulement les relations entre l’Afrique et ses diasporas, anciennes et récentes. Mais encore plus précisément elle fait référence à la conscience d’une condition partagée et d’une lutte commune guidée par des idéaux de souveraineté, de solidarité et de justice. Les deux articles présentés ici, de Mazrui et de West, parmi les premiers à porter Global Africa dans leur titre, explicitent clairement l’origine militante de cette expression. Celle-ci est issue des mobilisations panafricaines du début des années 1990 et s’identifie également à l’histoire du panafricanisme. Il s’agit maintenant de saisir comment l’expression Global Africa a récemment été adopté par l’Histoire générale de l’Afrique (HGA), un projet phare de l’Unesco.

Institutionnaliser Global Africa

En 2009, l’Unesco décidait de lancer la deuxième phase de l’Histoire générale de l’Afrique (HGA), qui consistait à développer les usages pédagogiques de ces connaissances, à réviser les contenus des huit volumes de cette collection et à en proposer un nouveau, le volume IX. Cette révision des contenus est articulée autour de Global Africa, qualifié de « concept innovant »[7]. L’HGA est une entreprise monumentale, lancée en 1964 sous l’impulsion des États africains devenus indépendants qui voulaient avoir la capacité se réapproprier la fabrique de leur histoire. De nombreux historiens africains se sont engagés dans cette entreprise intellectuelle au long cours sous la supervision d’un comité scientifique international et le lancement de l’HGA a donné lieu à des travaux de documentation et d’inventaire, à d’importantes campagnes de collecte de matériaux manuscrits et oraux, ainsi qu’à de nombreuses rencontres entre les quelque 350 spécialistes qui ont entrepris sur plus de 35 ans la préparation et la publication de l’HGA en huit volumes et en plusieurs langues[8]. Un tel projet était éminemment politique et les historiens africains y défendaient l’existence et la richesse de l’histoire matérielle, culturelle et sociale du continent. Engagement intellectuel et politique, panafricanisme et anti-impérialisme se retrouvaient dans ce projet dans à une époque marquée par le tiers-mondisme autant que par les luttes de libération encore en cours sur le continent. Dès la fin des années 1980, la rédaction d’une suite à l’HGA, un volume IX, est discutée, mais sans être lancée (Maurel 2014: 720). Ce sera chose faite en 2009 à la suite du trezième Sommet de l’Union africaine (UA) à Syrte en Libye, où les États membres s’engageaient à soutenir ce nouveau volume, finalement lancé en mai 2013 à Addis-Abeba, en Éthiopie.
En mai 2013, le 50e anniversaire de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) était célébré en grande pompe à Addis-Abeba, avec un sommet spécial réunissant des diplomates du continent et du monde et toute une série d’activités et de conférences organisées dans le cadre des festivités organisées par l’UA. La réunion des experts invités à participer à l’élaboration du neuvième volume de l’HGA était soutenue par un financement du Brésil, un geste fort de la part de ce grand pays d’Amérique latine. Avec la loi 10.639/2003, le Brésil avait introduit l’enseignement de l’histoire de l’Afrique, des cultures africaines et afro-brésiliennes dès l’école primaire, et sa diplomatie africaine était alors en pleine croissance. En effet, la bonne réalisation du projet de l’HGA, comme d’autres projets-phares de l’Unesco, reste tributaire des soutiens politiques, financiers et institutionnels prodigués par les États et les organisations intergouvernementales – sans pour autant asservir les contenus à une demande politique. Pendant plusieurs jours, la quarantaine d’experts, sous la houlette du président du conseil scientifique international de l’HGA, l’historien Elikia M’Bokolo, a discuté des orientations et des termes du futur volume IX. Sans revenir ici sur le détail de ces débats parfois très animés, il faut souligner la place centrale prise par les questions relatives aux diasporas africaines, aux défis rencontrés par les Afrodescendants et aux relations entre Afrique et diasporas[9].
La session dévolue aux diasporas était modérée par Sir Hilary Beckles, historien de l’esclavage, spécialiste de l’histoire sociale et économique de la région caraïbe, aux responsabilités multiples, dont la présidence du campus de Cave Hill à l’Université des West Indies, la Barbade. Hilary Beckles était aussi l’auteur d’un plaidoyer pour les réparations au titre de l’esclavage et du génocide des peuples premiers aux Caraïbes (2013), il avait été le coordinateur des délégations caribéennes lors de la conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, organisée par les Nations unies à Durban en 2001 ; et il était le vice-président du comité scientifique international du programme de l’Unesco sur la Route de l’esclave, et le président de la commission pour les réparations de la Communauté caribéenne (CARICOM), l’organisation des États de la Caraïbe. C’est donc en intellectuel reconnu et engagé qu’il ouvrait les discussions en appelant à une reconceptualisation de l’historiographie sur les diasporas africaines et à une critique des façons dont les sociétés africaines dans et hors du continent avaient été analysées. Il appelait les collègues présents à déstabiliser le concept de diaspora et à trouver des thèmes pour représenter cette Afrique globale (Global Africa). De nombreuses thématiques étaient abordées dans la discussion collective : la définition de la diaspora proposée par l’UA et l’inaction associée à son institutionnalisation à travers une sixième région, la datation des vagues historiques de migrations ayant constitué plusieurs strates de diasporas, la montée en puissance des organisations et revendications afro-latines, le risque d’homogénéisation forcée que feraient porter ces termes d’Afrique globale, l’absence d’enseignements sur les diasporas dans les institutions éducatives du continent, ainsi que l’ambition de penser une histoire de l’Afrique sans frontière continentale, étaient l’objet d’interventions tantôt convergentes, tantôt divergentes, mais toujours passionnées.
Dans l’attente de ce volume IX, devenu depuis IX, X et XI, on peut comprendre l’expression Global Africa présentée par l’HGA de l’Unesco comme le fruit de négociations intenses et d’un compromis intellectuel et politique entre des perspectives donnant la préséance à l’histoire du continent africain et d’autres voulant faire participer l’histoire des diasporas à celle du continent ; entre la primauté conceptuelle accordée à la question raciale et une interprétation géographique, continentale de l’africanité ; entre des traditions savantes en anglais, en français et en portugais. Pour rappel, l’histoire de l’HGA est jalonnée de plusieurs polémiques et compromis, à l’instar des débats autour du chapitre rédigé par Cheikh Anta Diop dans le volume II. Sa conception de la « race » et sa méthodologie étaient contestées par ses pairs, mais son chapitre a finalement été publié parce qu’en arguant de l’origine africaine de l’Égypte antique, Diop contribuait pleinement au projet défendu par l’HGA (Schulte Nordholt 2021). L’interprétation de Global Africa proposée publiquement par l’HGA[10] pourrait être résumée ainsi : ce concept permettrait de saisir « l’histoire des relations entre Africains et personnes d’ascendance africaine comme un processus articulé et continu », afin de rompre avec une perspective binaire présentant l’Afrique et ses diasporas comme des groupes distincts et séparés. De plus, Global Africa devrait permettre de dépasser la « question de la race », et donc l’adéquation parfois contestée entre africanité et négritude, pour mettre l’accent sur la « présence multiforme de l’Afrique », en prenant notamment en compte les diasporas de l’Océan indien, du Proche et du Moyen-Orient et de l’Asie. On retrouve dans cette interprétation l’espace relationnel entre Afrique et diasporas identifié par Mazrui comme matrice de l’Afrique globale. Mais la conception des diasporas de l’HGA s’éloigne de celle de Michael West qui distinguait la présence physique afrodescendante (les différentes vagues migratoires, forcées et volontaires, hors d’Afrique) de l’articulation de l’idée de diaspora africaine (la conscience d’un lien, réel ou imaginaire, avec le continent). Cette dernière uniquement était nommée Global Africa par West et située, précisément, dans l’espace atlantique – et non uniformément dans les nombreuses diasporas africaines, où les questions d’intégration, d’appartenances et de mobilités sociales ne se déploient pas sur le modèle de l’espace atlantique et des Amériques (Zeleza 2010).
L’ambition de l’HGA était aussi, grâce à ce « concept innovant », de « mieux comprendre les aspirations de la jeunesse en Afrique et dans les diasporas à contribuer à la renaissance africaine et à la construction d’un panafricanisme du XXIe siècle ». Voit-on ici le souffle militant et engagé associé au projet panafricaniste historique ? Ou le vocabulaire compassé qui signale la communication institutionnelle de l’UA et de l’Unesco ? Probablement les deux, car l’usage de Global Africa semble être le fruit d’un compromis intellectuel et politique entre Afrique et diasporas qui pourrait être formulé ainsi : l’HGA conserve la dimension engagée et la lutte partagée représentée par Global Africa tout en quittant le carcan atlantique et la tradition radicale qui y est associée. Malgré l’ambition affichée d’embrasser la grande diversité des diasporas africaines, l’HGA se revendique néanmoins des projets politiques nés de la relation entre l’Afrique et les diasporas atlantiques : la renaissance africaine et le panafricanisme. C’est là le point d’équilibre sur lequel semble reposer l’HGA : la volonté simultanée de quitter l’espace atlantique tout en prolongeant le projet panafricain qui y est associé. Le processus d’institutionnalisation de Global Africa, l’expression issue des milieux panafricanistes engagés et devenus le concept autour duquel s’organise la mise à jour du projet monumental de l’HGA, n’est pas sans tensions et il est toujours en cours ; il promet néanmoins une place centrale au projet panafricain dans les manières de penser et de représenter la présence de l’Afrique et des Africains dans notre monde globalisé.

Conclusion

Alors que des usages récents de Global Africa servent à représenter les interactions et interconnexions entre l’Afrique et le monde, il s’agit de rappeler que ces termes sont issus des milieux panafricanistes et des projets politiques radicaux nés des relations historiques entre Africains et Afrodescendants. Pour tenter d’élucider le projet, les luttes et les mobilisations recouverts par l’expression Global Africa, j’ai choisi et présenté deux textes publiés, l’un par Ali Mazrui, et l’autre par Michael West, et qui étaient les premiers à les porter en titre. L’article de Mazrui, de 1994, situait Global Africa au cœur de la relation entre l’Afrique et les diasporas en s’appuyant sur la cause des réparations au titre de l’esclavage et du colonialisme. L’Afrique globale surgissait sur la scène internationale parce que des figures africaines engagées, au plus haut niveau étatique, rejoignaient les demandes de réparations formulées par les représentants des diasporas. Le second article, de 2005, juxtaposait exactement Global Africa à l’histoire politique et sociale du panafricanisme et situe ainsi l’Afrique globale dans la conscience qu’une expérience partagée de l’oppression constituait la base d’une lutte commune pour l’émancipation. Ces deux usages précurseurs de l’expression Global Africa illustrent la dimension spécifique, militante et engagée qui lui est associée et qui ne saurait être occultée par la multiplication et la grande variabilité de ses usages culturels et intellectuels contemporains. L’expression Global Africa se voit aussi institutionnalisée à travers le processus intellectuel et politique qui la place au cœur du projet de mise à jour de l’Histoire générale de l’Afrique portée par l’Unesco, et intitulé, justement, Global Africa. En offrant un ancrage institutionnel fort à un concept issu des mobilisations panafricaines, les savants et savantes engagés dans ce projet monumental prolongent le projet panafricain et le placent à nouveau au cœur de leur manière de penser et de représenter la présence de l’Afrique et des Africains dans notre monde globalisé.
Dans les nouveaux usages contemporains de Global Africa, centrés sur les interactions entre l’Afrique et le monde, et qui s’appliquent à toutes sortes de domaines, le bagage symbolique et politique spécifique qui leur est associé semble disparaître. En effet, il n’est pas certain que les tropes structurants du panafricanisme et leur dimension radicale et non consensuelle aient déjà leur place dans cette profusion éditoriale. Pourtant, l’étude des plaidoyers pour les réparations, l’histoire critique de la lutte et des solidarités et l’idée d’une africanité globale pourraient participer pleinement aux représentations de la présence de l’Afrique et des Africains dans le monde. Les connaissances sur le panafricanisme pourraient contribuer plus directement à la constitution des savoirs universitaires en français sur l’Afrique en donnant toute leur place aux personnalités clivantes, aux projets politiques ambigus, aux instrumentalisations multiples, et aux interprétations divergentes ; ainsi qu’aux grandes aspirations, aux échecs cuisants et aux fantastiques victoires portées par de nombreuses voix issues de cette Afrique globale. La nouvelle revue qui accueille ces pages pourrait ainsi, comme son nom semble le promettre, devenir un espace pour discuter, nourrir et diffuser des connaissances précises et documentées sur l’histoire du panafricanisme et ses projets politiques et culturels radicaux.


Notes

  1. Étudier les manières la question raciale est pensée en français, et en particulier en France, dépasse de loin le cadre de cet article. C’est un sujet complexe, aux nombreux prolongements politiques. Deux ouvrages peuvent utilement contribuer à cette discussion : un travail de référence (Ndiaye 2008) et un livre-témoignage (Soumahoro 2020).

  2. Ces remarques ont été formulées par des collègues seniors en marge de la table ronde sur le panafricanisme et les études africaines que j’avais coordonnée lors de la première rencontre du Réseau thématique pluridisciplinaire Études africaines, tenue au CNRS en 2006. Lien vers l’atelier : http://etudes-africaines.cnrs.fr/atelier/le-panafricanisme-et-les-etudes-afri- caines-bilan-et-perspectives/ (consulté le 19 juillet 2021).

  3. Communication personnelle de Prof. Ned Alpers qui était Président de l’ASA en 1993-1994, 18 juin 2021. Sur les tensions liées à la décolonisation de l’ASA, voir Guedj (2019).

  4. La Proclamation d’Abuja (1993) est accessible ici : http://ncobra.org/resources/pdf/TheAbujaProclamation.pdf (consulté le 24 juillet 2021).

  5. Edward W. Blyden (1832–1912), Alexander Crummell (1819–1898) et James Theodore Holly (1829–1911), qui se sont instal- lés au Libéria ou en Haïti, sont cités par West. Chrétiens, convaincus qu’ils avaient une mission civilisatrice à remplir, ils étaient les porte-voix de l’éthiopianisme, ce réservoir symbolique fondé sur les textes bibliques et une vision raciale du monde. Voir par exemple Drake (1991).

  6. Voir le site internet de l’HGA : https://fr.unesco.org/general-history-africa (consulté le 19 juillet 2021).

  7. Réunion d’experts sur l’élaboration d’un neuvième volume de l’Histoire générale de l’Afrique (HGA), UNESCO, Addis-Abeba,20-22 mai 2013, « Note conceptuelle », 5 pages, en possession de l’auteur.

  8. J’ai fait partie des experts invités et j’étais rapporteur de la session sur les diasporas.

  9. Voir le site internet de l’HGA : https://fr.unesco.org/general-history-africa (consulté le 19 juillet 2021).

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Pour citer l'article :

APA

Bonacci, G. (2022). Global Africa : généalogie critique d’un concept militant. Global Africa, 1, pp. 64-71, 81-82. https://doi.org/10.57832/36A7-95872


MLA

Bonacci, G. « Global Africa : généalogie critique d’un concept militant ». Global Africa, no. 1, p. 64-71, 81-82. doi.org/10.57832/36A7-95872


DOI

https://doi.org/10.57832/36A7-95872


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