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Iconographie

Portrait de l’Afrique spatiale

Rachid Id Yassine

Maître de conférences en sociologie, université Gaston Berger, Sénégal

rachid.iy@ugb.edu.sn

numéro :

Publier la recherche africaine

Publishing Africa

Kuchapisha utafiti wa Kiafrika

نشر البحوث الأفرقية

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Publié le :

20 septembre 2024

ISSN : 

3020-0458

07.2024

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Plan de l'article

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Ces dernières années, le secteur spatial africain connaît une expansion disruptive, s’affirmant progressivement comme un acteur stratégique sur la scène mondiale. Au milieu de l’année 2024, l’Afrique compte aujourd’hui 61 satellites en orbite sur 13.605[1], avec un ambitieux objectif de 125 nouveaux satellites d’ici 2025. L’Afrique du Sud (13 satellites) a été le premier pays du continent à faire son entrée dans l’ère spatiale en lançant en 1999, avec l’aide de la NASA, le satellite SUNSAT-1. Depuis, 17 pays africains ont rejoint le club des pays dotés d’un ou plusieurs satellites, parmi lesquels l’Égypte (13), le Nigeria et l’Algérie (7), le Kenya et le Maroc (6), l’Angola, l’Éthiopie et le Rwanda (2), le Ghana, le Soudan, la Tunisie, l’Ouganda, le Zimbabwe, Djibouti, Maurice et tout récemment le Sénégal (1)[2]. Le 16 août 2024, le Sénégal a en effet lancé son premier satellite, le GAINDESAT-1A. En parallèle, de nouveaux programmes spatiaux émergent, portant à vingt-un pays le nombre de nations africaines engagées dans l’aventure spatiale (Al-Hagrassy, 2023).
L’industrie spatiale africaine est donc en plein essor avec l’émergence de 318 entreprises spatiales et près de vingt mille travailleurs dont plus de la moitié sont des fonctionnaires. En 2021, sa valeur était estimée à 19,49 milliards de dollars, avec une projection qui devrait atteindre 22,64 milliards de dollars d’ici 2026 (Adetola, 2023). Certes, l’économie spatiale africaine (Space Foundation, 2024) représente moins de 5% de l’économie spatiale mondiale évaluée à 570 milliards de dollars en 2023 (Faleti, 2024). Mais le continent accroit considérablement ces investissements comme avec plus de cinq milliards de dollars dans près d’une soixantaine de projets de satellites, tandis qu’au cours des trois prochaines années, plus d’une centaine de satellites supplémentaires sont attendus.
Le secteur bénéficie aussi d’une volonté politique affirmée, représentée notamment par le programme spatial de l’Union Africaine qui a permis la création en janvier 2023 de l’Agence spatiale africaine (AfSA) basée en Égypte. Cette agence qui organise le « Forum africain sur l’espace », a pour mission de coordonner et de renforcer les initiatives spatiales des pays africains (Union Africaine, 2018) car l’Afrique n’entend plus dépendre des technologies étrangères. Si l’histoire spatiale sur le continent remonte à 1947 avec les premiers lancements français en Algérie (Wade, 2024), cinq décennies plus tard, le Nigéria lançait en 2003 NigeriaSat-X, le premier satellite conçu et réalisé par des Africains, témoignant d’une montée en compétence en matière de technologies spatiales. Depuis, neuf satellites ont été entièrement conçus, fabriqués et assemblés sur le continent même si aucun pays africain n’a encore pu mettre en orbite un satellite.
Assurés jusqu’ici par la Russie (16), les États-Unis (11) ou la Chine (7) notamment, les lancements de satellites africains pourraient bientôt être effectués par les pays africains eux-mêmes, plusieurs projets de spatio-ports dédiés aux futures missions africaines étant en cours (Daire. & Michalon, 2024). Pendant que la Turquie discute avec la Somalie (Agbetiloye, 2024), Djibouti a signé l’année dernière un protocole d’accord avec deux sociétés chinoises pour développer et exploiter conjointement un port spatial dans le pays (Pons, 2024). Entre 2000 et 2023, l’Afrique a signé plus de 166 accords spatiaux bilatéraux impliquant plus de 100 institutions de 32 pays (Adetola, 2023). Le développement d’infrastructures adaptées est donc une priorité pour l’Afrique qui abrite des installations stratégiques telles que le Centre spatial Luigi Broglio au Kenya, utilisé pour le lancement de fusées. Le continent développe donc ses infrastructures spatiales comprenant 355 stations au sol, 60 télescopes, 22 planétariums et plus de 11 observatoires renommés (Adetola, 2023).
Les partenariats internationaux jouent ainsi un rôle clé dans l’essor du secteur spatial africain. Encore récemment, le Sénégal qui envisage de lancer une sonde lunaire à l’horizon 2030, a été le seul pays africain invité à la Conférence de haut niveau sur les technologies spatiales en Eurasie centrale (STC 2024). L’Agence sénégalaise d’études spatiales et l’Agence spatiale turque ont ainsi signé un mémorandum d’entente sur, notamment, l’utilisation des satellites et ⁠la réalisation d’infrastructures spatiales. Ces collaborations renforcent ainsi les capacités africaines, permettant aux pays du continent de combler progressivement leur retard par rapport aux grandes puissances spatiales.
 

Notes

Bibliographie

Adetola, A. (2023). African Space Industry Annual Report, 2023 Edition. Space in Africa. https://spaceinafrica.com/2023/08/28/african-space-industry-annual-report-2023-edition/

Agbetiloye, A. (2024). La Turquie envisage de construire un site d’essai de missiles et de fusées spatiales dans la Corne de l’Afrique. Qiraat Africa. https://qiraatafrican.com/fr/12790/la-turquie-envisage-de-construire-un-site-dessai-de-missiles-et-de-fusees-spatiales-dans-la-corne-de-lafrique/

Al-Hagrassy, N. (2023). Technologies spatiales : L’Afrique affiche ses ambitions. Al-Ahram. https://french.ahram.org.eg/News/39397.aspx

Daire, C., & Michalon N. (2024). Les spatioports est-africains, futurs terrains de jeu des grandes puissances. Africa Intelligence. https://www.africaintelligence.fr/afrique-est-et-corne/2024/05/29/les-spatioports-est-africains-futurs-terrains-de-jeu-des-grandes-puissances,110241317-art

Faleti, J. (2024). Space Foundation Reports 7.4% Global Space Economy Growth. Spacewatch Global. https://spacewatch.global/2024/07/space-foundation-reports-7-4-global-space-economy-growth/

Pons, J. (2024). La nouvelle ambition de la Chine : installer une base spatiale dans la Corne de l'Afrique. Atalayar. https://www.atalayar.com/fr/articulo/nouvelles-technologies-innovation/nouvelle-ambition-chine-installer-une-base-spatiale-dans-corne-lafrique/20240213105939196819.html

Space Foundation (2024). Civil space spending in Africa (USD), 2022-2024. The Space Report. https://www.thespacereport.org/resources/civil-space-spending-in-africa-usd-2022-2024/

Union Africaine (2018). Statut de l’Agence spatiale africaine. https://au.int/sites/default/files/treaties/36198-treaty-statute_african_space_agency_f.pdf

Wade, M. (2024). Hammaguira. Encyclopedia Astronautica. https://web.archive.org/web/20140209173427/http://www.astronautix.com/sites/hamguira.htm

Pour citer l'article :

APA 

Id Yassine, R. (2024). Portrait de l'Afrique spatiale. Global Africa, (7), pp. 28-29. https://doi.org/10.57832/bz3h-ey42 


MLA 

Id Yassine, R. "Portrait de l'Afrique spatiale". Global Africa, no. 7, 2024, p. 28-29. doi.org/10.57832/bz3h-ey42 


DOI 

https://doi.org/10.57832/bz3h-ey42 


© 2024 by author(s). This work is openly licensed via CC BY-NC 4.0

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