Panafricanisme, agenda de la recherche africaine et futures planétaires
Rédacteurs invités : Cheikh Thiam, Amherst College: cthiam@amherst.edu Mjiba Frehiwot, Université du Ghana : mfrehiwot@ug.edu.gh
Le panafricanisme est un projet fondamentalement épistémique, né d’ontologies centrées sur l’Afrique et enraciné dans une histoire qui remet en question et résiste à la prégnance de la colonialité et à la déshumanisation des peuples d’ascendance africaine. De la révolution haïtienne à la décolonisation, en passant par la négritude, le hip-hop, l’afro-chic et les afrobeats, les mouvements culturels, intellectuels et politiques panafricains ont toujours cherché à prendre en compte les continuités et discontinuités de la vie des peuples d’origine africaine tout en s’engageant dans un processus commun d’intégration et de libération de l’Afrique. Sur le plan politique, le panafricanisme est une mise en accusation du colonialisme et de son corollaire, la partition du continent. Culturellement, il recentre les modes de création et les voix africains dans la tâche complexe d’imaginer et de concevoir une présence panafricaine dans l’histoire mondiale. Sur le plan épistémique, le panafricanisme fournit une base théorique à partir de laquelle il est possible de remettre en question les fondements de la colonialité. Il constitue de ce fait une alternative épistémologique à l’universalisme réducteur de la modernité occidentale.
Le 20e anniversaire de l’Union africaine – l’une des formes institutionnelles les plus récentes du projet panafricain – est l’occasion de réexaminer la pertinence épistémique du panafricanisme dans un contexte de décolonisation inachevée. Malgré deux siècles de discours sur le sens, la pertinence, les perspectives et les défis du mouvement, un numéro spécial sur le panafricanisme est particulièrement opportun tant il permet de repenser la présence de l’Afrique dans les processus contemporains de création de connaissances. Il est alors essentiel de lire les récentes propositions intellectuelles africaines telles que l’afropolitanisme, l’afrofuturisme et l’afro-chic, les théories postcoloniales et décoloniales à l’aune de la tradition panafricanisme. Un dossier sur le panafricanisme est d’autant plus pertinent qu’il a le potentiel de créer les conditions d’un engagement radical face aux problèmes majeurs qui interpellent notre monde à savoir les limites planétaires que pose l’Anthropocène, dont les effets les plus délétères sont la destruction des habitats naturels, le changement climatique, les déclins de biodiversité qui menacent l’avenir de notre planète. Le panafricanisme nous permet aussi de repenser les défis et les opportunités sans précédent de la quatrième révolution industrielle marquée par l’économie des données, le développement fulgurant de l’intelligence artificielle, les projections extraordinaires du transhumanisme et la digitalisation des sociétés qui redessinent les limites de notre existence.
Comment le panafricanisme peut-il participer à identifier et à construire des chantiers de recherche, des priorités intellectuelles et des postures heuristiques à partir de l’Afrique et de la diaspora africaine ? Comment la tradition panafricaine peut-elle nous aider à questionner, soutenir, nuancer et faire avancer notre engagement avec le pluriversel et à faire face à l’exclusion ainsi qu’aux limites des téléologies modernes du progrès ? A quelles conditions peut-il être source d’innovation et de perturbation quand il est question de gouvernance mondiale, de racisme, d’hétéronormativité, de patriarcat, d’inégalités sociales, d’extrémismes religieux et de conflits armés. Dit autrement comment le panafricanisme peut-il contribuer à redéfinir les possibilités d’un monde convivial et juste quand celui-ci est de plus en plus façonné par des discours populistes, nativiste, isolationnistes et hostiles au multiculturalisme ? Les éditeurs de ce numéro spécial invitent les chercheurs, les activistes et les artistes, à proposer des contributions innovantes à partir de ces questionnements.
Les résumés proposés doivent être soumis à : https://globalafricapress.org/index.php/globalafrica/about/submissions
Date limite de soumission des résumés (500 mots) : 11 octobre 2022
Notification d’acceptation des résumés : 21 octobre 2022
Date limite de soumission des articles : 21 janvier 2023
Date limite pour l’acceptation finale : 11 février 2023.
Pour toute question concernant le numéro spécial, veuillez contacter les rédacteurs : redaction@globalafricapress.org
Voir l'appel en français.
Voir l'appel en anglais.
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